Histoire de l'Accordéon Musette

L'accordéon musette ? Tout le monde connait...ou croit connaître ?

Nous ne présenterons pas une nouvelle fois ce formidable instrument de musique qu'est l'Accordéon. Vous trouverez plusieurs centaines de modèles d'accordéons différents sur ce site qui lui est consacré, mais "Musette", qu'est ce que ça veut dire ?

 

Origines

La Musette est le nom que les anciens donnaient à la Cabrette.

Voici un extrait de l'excellent livre "Histoires de l'Accordéon" de François Billard et Didier Roussin à ce propos :

"Le mot "musette" remonte au XIIIe siècle. Il désigne une sorte de cornemuse assez sophistiquée, comportant un sac en tissus [ou peau de chèvre] rempli d'air, actionné par le bras gauche du musicien et prolongé par un ou plusieurs tuyaux percés de quelques trous qui font office de bourdon et dont le son est produit par des anches battantes[...]On retrouve son principe de fonctionnement dans nos campagnes, en particulier celle du Limousin, dans la cornemuse.

[...]Au XIXe siècle, on fabrique des Cabrettes à partir de peaux de jeunes chèvres (cabris). C'est cette Cabrette qui devient l'instrument des premiers bals musette."

Les auvergnats de Paris lui ont alors ajouté un soufflet actionné par le bras droit pour alimenter le sac en peau de cabris placé sous le bras gauche.

 

Le Bal Musette

Au tout début du XIXe siècle, la communauté auvergnate de Paris constituait une vague importante d'immigration vers la capitale, en particulier du côté du XIe arrondissement. On y trouvait ce que l'on appelait alors les "bals de famille" qui furent ensuite appelés "bals à la musette" car on y dansait au son de la "Musette" ou "Cabrette" qui pouvait aussi côtoyer la vielle ou le violon.

Peu avant 1900, les immigrés italiens arrivèrent à leur tour en nombre. Ils apportèrent avec eux leur instrument de prédilection: L'Accordéon. Ainsi l'on commença à entendre l'Accordéon dans les bals musette. Une certaine rivalité perdura pendant quelques temps entre la "Musette" et l'Accordéon, entre les Auvergnats et les Italiens. La rencontre d'Antoine Bouscatel "le Roi de la Cabrette" et Charles Péguri, accordéoniste virtuose et facteur d'accordéons symbolisa la réconciliation des deux instruments. Le mariage de la fille de Bouscatel avec Charles scella le rapprochement des deux communautés.

C'est l'Accordéon diatonique qui accompagne d'abord la Cabrette. Les Auvergnats se mirent alors à l'Accordéon et les Italiens adoptèrent le répertoire auvergnat.

A partir des années 30, l'Accordéon avait fait de gros progrès techniques. Le chromatique avait succédé au diatonique. L'Accordéon chromatique permettait d'harmoniser la musique traditionnelle. Il pouvait désormais jouer en solo. La Cabrette disparu progressivement du bal musette.

 

Le Son Musette

Le son de l'Accordéon que l'on appelle aujourd'hui "musette" utilise 3 voix générant un fort trémolo. Chaque voix correspond à une lame pour chaque note. Une voix de référence est accordée "juste" suivant un diapason choisi. Les 2 autres voix sont accordées soit plus hautes pour la voix dite "de dessus" ou plus basse pour la voix dite "de dessous". L'écart de fréquence choisi peut varier de +/-5hertz à +/-9 hertz avec la voix de référence, soit un écart entre la voix de dessus et la voix de dessous pouvant aller de 10 à 18 hertz sur le LA médium. Un écart de 1 hertz créé un vibrato générant 1 battement par seconde, etc. Ce système d'accordage du Brio permet d'obtenir un gros son puissant qui accroche l'oreille. On comprend facilement le soutien que pouvait apporter ce son puissant à l'accordéoniste en duo avec une Cabrette très sonore face à un parterre de danseurs et sans microphone bien sûr!

Ce son musette à été utilisé aussi bien sur l'accordéon diatonique que sur l'accordéon chromatique.

Vers la fin des années 30, un nouveau son où l'on aura enlevé ce fort trémolo sera utilisé par certains accordéonistes pour jouer dans un style plus jazzy. On l'appellera le son "swing" ou "moderne"  ou encore "américain". A partir de cette époque, les orchestres seront de plus en plus sonorisés. Les microphones seront utilisés pour amplifier le son des instruments. La guitare remplace progressivement le banjo acoustiquement plus sonore. Le son " musette" restera encore toutefois extrêmement populaire dans les bals et ce, jusqu'à nos jours.

 

Les Grands Accordéonistes du Bal Musette

On peut citer quelques noms représentatifs de l'Accordéon Musette à travers l'histoire du bal musette:

- Charles Péguri (déjà cité plus haut) né en 1879 jouait de l'accordéon diatonique. il avait commencé sa carrière en 1902. Il était le frère de Louis et Michel Péguri, deux grands virtuoses de l'Accordéon Musette. Son plus grand succès: "Reproche".

- Emile Vacher né en 1883 est considéré comme le créateur du style musette. Il jouait également sur un accordéon diatonique mais la main gauche de son instrument possédait un clavier uni-sonore comme un chromatique (système mixte). Parmi ses nombreux succès, citons "les triolets" ou "Reine de musette".

- Jean Vaissade né en 1911, il épousa la chanteuse Rina Ketty. Son plus grand succès: "Sombreros et mantilles"( un paso doble à 3 temps).

- Emile Prud'homme né en 1913, grande vedette médiatique, il a participé aussi à de nombreux films dont "Les grandes vacances" avec Louis de Funès.

- André Verchuren né en 1920 est probablement le plus célèbre des accordéonistes musette. D'origine belge naturalisé français en 1957. Interné au camp de Dachau en 1944. il connaitra un immense succès populaire à partir des années 50. Un de ses plus grands succès: "Les fiancés d'Auvergne".

- Aimable, de son vrai nom Aimable Pluchard, né en 1922 dans le Nord, jouait sur un accordéon possédant un trémolo très marqué. Grande vedette des disques Vogue.

Nous vous prions de nous excuser pour les très nombreux artistes de l'Accordéon Musette que nous n'avons pas pu citer.

 

Si cet article vous a plu, nous vous invitons à découvrir de nombreux modèles musettes en explorant notre site !